- J'ai compris...
Je me demandais comment étaient ces gens...encore des personnes que je connaissais pas, et j'allais devoir me lier avec eux, me rapprocher d'eux pour les comprendre...D'ailleurs, pourquoi est-ce que je dis ça ? Ces mots sont pitoyables...comprendre les autres...comment pourrait-on comprendre d'autres êtres alors que nous ne sommes même pas capables de connaître notre propre âme ? De toute façon, ce n'était pas le moment de réfléchir..J'avais une tâche à accomplir, et je me devais de le faire dans les plus brefs délais...
Ayanami quitta silencieusement le château, malgré les dires de Gadis, elle n'avait absolument rien prévu. N'importe qui aurait au moins pensé à prendre un livre de cuisine, une conte quelconque...Non pas qu'elle était distraite, ou encore stupide, mais elle n'avait tout simplement pas prévu de se servir de cela, objets qui de toute manière ne lui appartiennent pas. Une rafale de vent souffla, par reflexe, elle ferma légèrement les yeux et se protégea le visage, une larme coula sur sa joie, cependant, on ne pouvait savoir si c'était du à une poussière...ou à une pensée...
Elle ne remarqua même pas son arrivée près du bar, comme à son habitude, elle était perdue dans ses songes...Un esprit voyageant parmis les cieux azurés, un corps errant parmis les terres brûlées...Elle entra dans le bâtiment, regardant la salle d'un air vide, cherchant du regard qui pouvaoent être ces hommes...des hommes simples, des hommes banals, parmis tant d'autres semblables à eux...des poivrots, noyant leur tristesse dans l'alcool, buvant pour ne plus penser, buvant pour ne plus souffrir, buvant pour se détruire...
Elle fut bientôt bousculée par une personne massive, bûcheron ou encore chasseur...toujours était-il qu'il n'était pas un fin diplomate...
- Si tu t'gares pas de la, j'te fais du bleu ailleurs qu'aux cheveux !
- ...
- Oh ferme la et bouge !
L'homme la poussa violemment vers la droite, surprise, simple brindille face à la hache, Ayanami se retrouva projetée dans la table, recevant diverses boissons alcoolisées, sous les rires des clients, qui n'avaient visiblement aucune envie de contrarier le caïd. Ou alors, trouvaient-ils simplement le spectacle d'une jeune fille malmenée amusant...
Elle se releva lentement, endolorie, trempée, sentant la bière de mauvaise qualité, rajusta légèrement son kimono, et partit vers le comptoir.
Je n'avais pas compris pourquoi cet homme avait fait ça...mais dans un sens, je m'en moquais, il m'était impossible de le savoir, et encore moins de comprendre ses raisons, même si elles m'étaient exposées de faire claire...Comment comprendre ce qui est hors de notre portée, de nos pensées de notre façon d'être ?...Peu importait donc les exucses que je n'obtiendrais jamais, ou un quelconque remboursement chimérique...
- ...
- C'est pas vraiment un endroit pour les fillettes de 15 ans ici, t'as bien vu ce que le gros Weimar t'as fait.
- Qui sont Lechim, Hiriet et Noel ?
- Tu cherches vraiment à te faire agresser toi...Hiriet c'est celui qui joue aux fléchettes la bas, et qui gagne d'ailleurs, comme d'hab'.
Ayanami tourna lentement la tête vers le Féca, qui venait d'en placer une de plus en plein coeur de la cible, sous les yeux ébahis de son adversaire, qui ne savait plus réellement quoi faire face à une telle précision.
- Hiriet, si tu gagnes, c'est toi qui payes la tournée !
- Rah, mais le peu de fric que je gagnes en jouant vous me le sabrez !
- Hahaha, ben ouais, mais c'est la rançon de la gloire mon vieux ! T'avais qu'a être moins bon !
Elle regarda à nouveau le barman, qui lui montrait désormais un homme corpulent, en train de manger seul.
- Noel, c'est le gros tas la bas. Et pis Lechim...ben il est pas la je crois, remarque, il a manqué de se faire massacrer par Weimar, donc j'crois pas qu'il se repointera de sitôt.
- Où pourrais-je le trouver ?
- Mais ma parole, t'as le béguin ou quoi ? Lechim, c'est l'espèce de tatave qui habite seul en face du bar, y passe ses journées à rêver d'une fille parfaite, ou se bourrer la tronche pour les voir comme ça...
Sur ces dernières paroles, Ayanami s'éloigna du comptoir sans un mot, ne remerciant même pas son informateur..."Merci" étant un mot que la jeune fille n'employait jamais...Pas par impolitesse, mais car elle ne comprenait pas ce mot, signe de gratitude...
- Pff...encore une cinglée celle la...
Le barman retourna à ses occupations, pendant que notre Crâ s'approchait d'Hiriet et de ses groupies. Il venait de signer une nouvelle victoire, écrasant son adversaire, et gagnant de quoi payer sa consommation.
- Hé Hiriet matte voir ça ! Miss vol-plané est venue se faire humilier encore plus !
- Hagen, tais-toi donc, ce n'est pas ainsi qu'on parle à une jeune fille ! Jolie qui plus est...
Le joueur inveteré lança un regard de flambeur à Ayanami, qui ne sembla même pas le remarquer.
- Mais laisse tomber, c'est même pas une humaine ce truc, t'as vu sa tête et ses réactions ?
- Êtes-vous Hiriet ?
- Tiens, tu sais causer finalement ?
- Hagen ferme la ! Hé oui, je suis celui qu'on nomme Hiriet, le plus grand lanceur de fléchettes au moins, mais aussi votre humble serviteur.
Il fit une révérence, qu'elle se contenta d'ignorer, sous les rires des personnes assises à la table.
- Oh je vois....
- Pourriez-vous me donner votre badge de la Saphirae Nocturnus ?
A ce moment, un grand silence retentit autour d'Ayanami...suivit d'une véritale explosion de rires. Il est vrai que le tact de la jeune fille est...pour ainsi dire, inexistant...Autant elle ne comprenait pas la raison de ces rires, autant elle n'en semblait pas vexée. A vrai dire, elle s'en moquait totalement...
- J'ai dis quelque chose de drôle ?
- Hé hé hé ! C'est même pas un oiseau en fait, c'est un véritable taureau ! Hé vasy comme jte balance ça !
Le dénommé Hagen était complètement mort de rire, incapable de se relever. Hiriet, était bien plus calme, se contentant d'un sourire et d'un regard malicieux.
- C'est d'accord....mais à une condition !
Il laissa échapper un petit ricanement, et montra les 6 fléchettes qu'il tenait à la main, 3 rouges, 3 bleues...
- Tu dois gagner ! Si jamais tu me bats, je te donne le badge, si tu perds...
Il marcha lentement vers elle, approcha son visage du sien, et lui annonça la condition à voix basse, mais tout de même parfaitement audible pour tout le monde...
- Je veux un baiser !
- Hahaha ! Allez hop, Hiriet qui drague, ça c'est fait ! J'y crois pas....t'as vraiment tout pour toi, tu deviens riche, t'es la coqueluche du bar et en plus t'as droit aux jolies filles...
- C'est tout hein, si t'es jaloux tu peux sortir !
Je ne voyais vraiment pas l'interêt d'une telle récompense...mais je ne pouvais pas refuser, je devais ramener ces badges. On me l'avait demandé, je devais le faire, c'est tout....peu importe ce qu'il me fallait afire pour les obtenir.
- D'accord...
- Et voilà ! Une de plus....Hiriet, un jour, rappelle moi de te baffer, de te tabasser, tout ce que tu veux, mais tu vas regretter !
- Vous êtes prête, mademoiselle ?
Hiriet ricana, lui tendit les 3 fléchettes rouges, fit une nouvelle révérence, et lança une des siennes...elle se planta à quelques millimètres du coeur de la cible, avec un petit "schtok", accompagné d'une bruyante acclamation de la tablée et de plusieurs clients, venus assister à ce duel atypique. A son tour, elle projeta une pointe contre la cible, certes elle se piqua dedans, certes elle était relativement proche du centre, mais bien loin d'égaler la performance du champion...
Deuxième tir, encore un succès pour le premier, une déception pour la seconde, qui ne fit que reproduire la performance moyenne de la première fois...La foule acclamait Hiriet, sûr de sa victoire.
Troisième et dernier lancer, comme il était prévisible qu'Ayanami perde...
Hiriet la regarda avec un grand sourire, elle, restait impassible.
- Un marché est un marché.
Il attrappa Ayanami par les épaules, et l'embrassa, sous les acclamations de ses fans. Elle contenta de le regarder, comme si de rien n'était.
- Comment pourrais-je avoir ce que je désire ?
- Hein....ha le badge ? Prend le donc, j'ai eu ce que je voulais...
Hiriet éclata de rire, et déposa le morceau de métal bleu entre les mains de la jeune fille, qui se contenta de s'éloigner, après l'avoir rangé dans sa poche. Ni mot, ni geste pour son amant d'une minute, c'est comme ci tout cela n'était même pas arrivé.
Une nouvelle personne...Noel...Gadis avait dit qu'il aimait la cuisine...je ne sais pas cuisiner, je n'ai pas beaucoup d'argent, et je ne sais pas où acheter quoique ce soit pour le faire...je vais déjà aller lui parler, sans doute me dira t-il ce qu'il veut...
- Monsieur Noel ?
- Euh..c'est pourquoi ?
- On m'a demandé de ramener votre badge de la Saphirae Nocturnus, je vous demande donc si vous pouvez me le remettre.
- Ce vieux badge ? Bof je voi...
Le gros Noel s'arrêta, visiblement, avec une idée derrière la tête. Ayant assisté à la scène entre Ayanami et Hiriet, il avait sans doute dû comprendre que les badges étaient très importants pour elle, et donc, qu'il pourrait s'en servir comme monnaie d'échange...
- Je te le donne si tu me payes mon repas de ce soir !
- Bien...
- Envoie 2500 kamas.
Ayanami déposa l'argent sur la table, entourée par les clients eberlués, et un Noel aux anges. Le prix moyen d'un repas étant de 25 kamas...elle le savait très bien, mais se moquait éperduement de l'argent, comme de tout d'ailleurs...
- Tiens, ton vieux badge !
Elle quitta le bar, pendant que le gros se hâtait de ranger les pièces dans sa besace. Depuis l'extérieur, on put entendre un cri, suivit d'un bruit de bagarre...Weimar s'était rendu compte de la petite fortune amassée par Noel en si peu de temps, et avait décidé qu'elle ne devait pas rester sa proprieté exclusive plus longtemps...
Maintenant, il me restais à aller voir Lechim...je me demande pourquoi il aime tant les histoires...je ne les ai jamais aimées, enfin, elles ne m'ont jamais interessée. Je ne sais pas pourquoi d'ailleurs...pourquoi plaisent elles aux autres et pas à moi ?...Au final, ce n'est pas important de le savoir...que de questions inutiles...
Arrivée devant la porte de Lechim, elle regarda le ciel, quelques instants, avant de frapper à la porte. Un frêle Crâ vint lui ouvrir. Apparemment, elle ne semblait même pas penser qu'être trempée et empester la bière pouvait déranger son hôte...
- Bonjour.
- Monsieur Lechim ?
- C'est bien moi.
- D'après Gadis, vous aimez beaucoup les histoires, je suis venue vous en raconter une, en échange de votre badge de la Saphirae Nocturnus, que je dois rapporter au château.
Il sourit, et alla s'assoir, faisant signe à Ayanami de faire de même.
- C'est...direct. Mais cela ne me dérange pas, allez y, je vous écoute, si votre histoire me plaît, je vous remettrais ce badge.
Le bonheur est une chose que chaque être recherche du plus profond de son âme. Certains en trouvent une parcelle, de diverses manières, à divers âges...Un enfant sera heureux lorsque il sera dans les bras de sa mère. Jamais, elle ne put le vivre, jamais elle n'eut accès à ce petit moment de joie, de chaleur humaine, d'affection...Une jeune personne trouvera son bonheur dans les bras de son amant, ce qui peut paraître futile à quelqu'un, peut être le plus grand bonheur d'un autre. Cela aussi, lui a été refusé. Née pour apporter le pouvoir, et un pan de bonheur à quelques personnes, jetée car elle n'en était pas capable...Le bonheur la fuit, mais elle ne connait pas le malheur, l'un ne va pas sans l'autre. Elle n'est rien, juste une illusion, un faux être vivant, qui feint d'être, qui a tenté, elle d'être heureuse...
Elle n'y est jamais parvenue, et a fini par comprendre ce qu'elle était vraiment et ce qu'elle voulait réellement. Elle est la chose qui veut mourir, celle qui veut devenir un néant...
Sans un mot, Lechim se leva, fouilla dans un tiroir, et donna le badge à Ayanami. Dans ce même silence, confus, gêné, elle se leva, prtit vers la porte, et se retourna au dernier moment.
-Je suis cette chose...et cette histoire est la mienne.
Elle quitta la maison, fermant la porte derrière elle, et repartit vers le château de la Saphirae...de la même façon qu'elle était venue, calme, silencieuse, monotone et sans vie...
J'étais à nouveau devant la porte, qui m'avait vue sortir quelques heures auparavant. A nouveau, mes yeux se levèrent vers le ciel, quelques pensées vinrent se former dans mon esprit, quittant leur brouillard pour devenir des images définies...je revoyais les trois personnes, les trois badges, je me revoyais...maintenant, avant, il y'a dix ans...
Finalement, la porte s'ouvrit, je quittais mon monde virtuel pour retourner dans le réel, et je déposais les trois badges sur une table, juste devant Gadis...
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Ven 17 Aoû - 20:50
