[Chapitre 1] Un soir, à la taverne

La soirée était déja avancée. En dépit du printemps précoce et particulièrement ensoleillé, l'astre du jour avait jugé bon de se réfugier derrière un épais écran de nuages, chargés d'electricité. Il est sensé ne jamais pleuvoir, dans Amakna, mais sait-on jamais, Solis avait tout de même décidé de se réfugier dans l'auberge. Car si, un jour, il devait y pleuvoir à verse, cela ne pouvait être qu'ajourd'hui.
Ses traits étaient tirés par la fatigue d'avoir trop marché et son épée s'était émoussée sur les têtes fendues des Craqueboules. Il s'éffondra, un peu blessé, sur une chaise et son casque roula sur la table, avant de rebondir sur le sol dans un bruit métallique.
Le tenancier, un certain "Ologue", ne tarda pas à s'approcher de lui, un verre et un torchon à la main (la coutume voulant en effet que les tenanciers passent leur vie à essuyer des verres) et de le regarder d'un air un peu superieur, de fonctionnaire grassement payé.

- Dure journée, pas vrai? lui demanda-t-il, son verre à la main. Qu'est ce que je vous sers ?

- Un thé, Ologue, répondit le jeune chevalier.

Il marqua un temps d'arrêt, dans sa phrase, soupira pour lui meme, songea à ses blessures, à sa lourde armure et à son casque tombé sur le sol.

- Le plus fort que vous ayez. ajouta-t-il.

Alors que Solis était rentré rêvassant il n'avait pas remarqué son oncle qui roulait sous la table mais s'en rendit bien vite compte. Alors qu'une jeune Osamodas buvait un verre tranquillement, le vieux Deneus s'en approcha.

- Booooonnnjooooouur jeune fille *hic* Comment allez vous ? *hic* Moi je vous trouve très jolie *hic*.

- Mais laissez-moi vieillard!!!

- Moi vieillard, et le *hic* respect ça existe.

Avant même que la jeune fille ait eu le temps de répondre, Deneus s'écroula signifiant son sommeil d'énormes ronflements... Malheureusement dans sa chute il bouscula un grand sadida musculeux qui ne put que déverser le contenu de son verre sur sa tunique...

Rien de tel que de finir sa journée au main d'une bonne bière à la taverne. C'est quand elle rentra qu'elle vit le sadida au corps imposant prenant d'une main ferme le vieux deneus.

-Certains ont besoin d'avoir les idées remises à leur place!

A peine qu'elle finissait ces mots qu'elle se ruat sur le sadida. Voyant cette situation, il lança Deneus sur la table afin de recevoir la charge d'Eniugnas. Une fois la bagarre lancée, il était évident que le sadida, visiblement expérimenté des combats de taverne, prenait le dessus....

Dure journée hein? Ouais. Parcequ'après s'être fait encercler et tabasser par une horde de créatures des pierres -et ne s'en être sorti que grâce à un bond prodigieux- il se retrouvait dans une taverne où tout le monde se tappait dessus. Fronçant les sourcils, il se décida à sortir un peu son épée de son fourreau et à trancher le Sadida qui importunait son oncle, mais un bras l'arrêta dans son geste. C'était le bras d'une femme, la fille du Tavernier. La jeune "Rapie", eternelle camarade de boisson du jeune chevalier.

- C'est le printemps, ne t'inquiète pas. Lui dit-elle. Les Sadida sont un peu de mauvaise humeur et -c'est bien connu- ils vouent, chaque printemps, une haine vicéral à un seul et unique individu dans le monde. Cette année, c'est tombé sur le pauvre Deneus. C'est tout de même pas de chance, avouez.

Les deux poussèrent un long soupir. Et puis quoi? Son diplomate et son oncle se faisaient frapper par un grand poilu : il n'allait pas rester là sans rien faire, tout de même?

- Vous n'allez pas vous battre dans cet état, repris Rapie. Vous allez vous faire mal.

- Ma descision est prise. termina le chevalier en se relevant. Ne fais pas refroidir mon thé, Rapie. J'en ai pour un instant.

Hilinia avait faim... Elle n'avait pas mangé depuis plus de cinq jours. "Oh une taverne, hmm, je vais m'y reposer un peu." Elle entra et fut prise d'un haut-le-corps. Une bagarre était en train de se dérouler sous ses yeux, mais pas n'importe quelle bagarre ! C'était une lutte acharnée entre un vieillard saoul et un Sadida qui devait mesurer cinquante centimètres de plus que lui. Elle avait reconnu ce Sadida, il l'avait tant fait souffrir... Elle gardait ses poupées avant... Elle se souvennait de son regard dur... Elle avait pris la fuite direction Astrub en pensant ne plus jamais le revoir. "C'est une ville très mal famée, c'est logique de le trouver ici, mais et ses bières qu'il aimait tant là-bas".
Il avait réussi à repousser Eniugnas et reprenait son interrogatoire ! "Autant lui demander, il sait peut-être quelque chose !"

"-Ecoute moi le vieillard, je cherche une Sadida du nom de Hilinia ! Tu ne l'aurais pas vu

-Oh mais que si, je l'ai vue, elle est dans le coin ! *hic* Mais je ne vous dirais pas où !

- Parle ! Vieux croulant !

- Aha, je ne te dirais rien vieux bougre, sauf si tu m'offre dix mille litres de bière de Dragoeufs !"

Le grand Sadida le poussa contre le mur sans ménagement. Hilinia regardait la scène horrifiée, il fallait qu'elle intervienne !" Mais, je ne suis pas assez douée en combat pour le faire,je vais me faire tuer !" Le tenancier était toujours à astiquer le même verre depuis quelques minutes, on voyait des paris se faire entre des Srams et des Ecaflips.
"Tant pis, je me lance !" Elle sortit son baton et cria : "Arrêtez !" Tout le monde se retourna vers elle, tout le monde se tut, on entendait le mugissement du vent. Le Sadida sourit de toutes ses dents et dit d'une voix doucereuse, caressante :

"Hilinia, comme on se retrouve ! Tu n'aurais vraiment pas dû partir ! Maintenant je vais devoir te tuer car tu en sais trop !"

Il sortit des dagues d'une des nombreuses poches de son pagne, elles brillaient grâce à l'éclat de lune. Un sourire sadique lui tordit le visage.

"-N 'essaie pas de t'enfuir petite ! Ou je tue le viellard !

- Laissez moi ! *hic* s'écria le vieux monsieur

"Je suis en vraiment mauvaise posture !"

Alors que la scéne semblait arrêtée attendant la réaction d'Hilinia, cinq nuages noirs apparurent, deux au niveau des jambes du sadida, deux sur ses bras et un sur sa tête. Alors que le sadida regardait nerveusement ces petits nuages noirs, des bouftous jaillirent de chacun des nuages pour venir le mordre et le plaquer au sol. Alors que tous se demandaient comment ce miracle s'était produit une ombre avança du fond de la salle. Le reflet violet de ses yeux ne laissait aucun doute, c'était Gadis. Il s'approcha du sadida cloué au sol par ses cinqs bouftous.

- Je survaillais mon oncle mais je vois que ce n'est pas le seul à devoir se reprocher des choses. Que fais tu ici?

Alors que tous attendaient avec impatience sa réponse, une petit poupée vivante sortie sous la tunique du sadida. Puis cuina 'ouin' avant d'exploser. Un nuage de poussière engloba la taverne dans la confusion la plus totale

Hilinia s'enfonça au plus profond de la forêt et avait trouvé refuge dans un Orme. Sa tête lui faisait mal et elle saignait du nez. Elle sortit de son sac une poudre qu'elle appliqua sur sa blessure pour éviter que la plaie ne s'infecte. Elle savait qu'elle ne pouvait rester longtemps cachée car sa faim n'était pas comblée. Elle décida de descendre pour chercher quelques baies et un cours d'eau pour s'abreuver. Elle trouva par miracle une rivière et autour quelques cerises et fraises des bois. Le calme était tel dans la forêt qu'il en devenait inquiétant. Un craquement la fit sursauter, quelqu'un l'avait suivi. Un ami ou un ennemi ?
Elle prit une pierre tranchante qui se trouvait à ses pieds pour se défendre, ayant oublié son baton près de la taverne car elle l'encombrait inutilement.

"Solis ? Gadis ? Fousbuges ?"

On ne répondit pas à son appel... cela devenait inquiétant...

Une ombre parut derrière elle... il lui semblait voir un visage familier...

Hilinia eut tôt fait de reconnaître le visage de Deneus.

Salut petite, ton pote sadida est dans une fausse à 100 mètre de là. Alors qu'il s'amusait avec les bouftous de Gadis je suis sorti pour éviter d'autres problèmes et j'ai voulu me réfugier dans ma cabane et alors que je m'y dirigeait je t'ai vue courrir.
Ton pote sadida s'est pris un lopin de terre de 10 livres dans la tronche alors qu'il courrait et avant qu'il ne se réveille je l'ai jeté dans une fosse qu'un chasseur du coin avait piègée autrefois. Un certain Kasselnikov que mes neveux connaissent bien.

Je vois que tu est blessée, viens chez moi et on mangera un petit quelque chose et je te soignerais. Je ne savais pas que tu étais si proche de chez moi... Une fois là bas tu me raconteras pourquoi cet abruti t'en veut. Hein...

Deneus fit signe à Hilinia de le suivre tandis qu'au loin un hurlement de rage résonnait dans la forêt. En effet le sadida était ressorti mais il avait perdu la trace d'Hilinia, enfin, pour un moment.

Pendant que le Sadida s'enfuyait dans la forêt, bléssé et piteux, Solis constata les dégâts. Son général en chef gisait, ivre mort, sur le sol et la bouche en sang. De la fumée stagnait dans les murs de l'auberge calcinée, les pilliers de bar étaient tous à terre. L'aubergiste, lui, avait défait deux ivrognes que l'alcool avait rendu stupide et avait repris son chiffon et son verre, tandis que les Bouftou de Gadis terminaient de manger ce qu'il restait des débris de l'auberge. Le lieu avait été complêtement détruit.

Solis retrouva son casque, rangea son épée dans son foureau et, ammolit par le poison des ronces venimeuses, s'éffondra sur son tabouret.
La serveuse ne tarda pas à le retrouver et tandis que le toit coulissait sur son axe pour venir s'écraser sur le sol, la jeune femme s'inclina et lui annonça, d'une voix de mort, que le thé était froid.

"Journée de merde..." pensa Solis.

Hilinia découvrit au loin la modeste habitation de Deneus. Il s'agissait d'une maison perdue dans la forêt avec un toi de chaume et des murs en torchi. De l'épaisse fumée grise jaillisait du toit. Hilinia s'avança d'un pas vif et bizarrement le vieux monsieur la dépassait d'un bon mètre.
"Comment faites-vous pour être aussi en forme que ça ?

- Aha je ne dévoilerait pas mon secret à une si jeune fille, elle pourrait en abuser !"

Se fut les derniers mots prononcés du trajet. Hilinia réflechissait. Elle savait qu'elle devait tout avouer à Deneus et qu'il allait certainement tout répeter à la Saphirae. Elle entra dans la chaumière et Deneus l'invita à s'assoir. Elle prit un siège à un bout de la table et s'affaira à préparer un repas avec des restes de gibier et des poireaux. Dans sa cheminée, une grande marmite fremissait pleine de soupe. Il lui servit un morceau de pain et lui versa un bol de soupe.

"Ce n'est pas du luxe mais je ne peux faire que ça

- Oh mais ça ira très bien ! Je ne devrait même pas vous déranger !s'empressa d'ajouter Hilinia"

Elle savait qu'on lui demanderait de dire qui est ce Sadida et pourquoi il avait souhaité la tuer.

"Ce Sadida, il est recherché non ?

- Oui... par tout Amakna...

Sa voix était faible, c'était presque un murmure.

- Et comment s'appelle-t-il

-...

- Je comprends que ce soit difficile mais la Saphirae a besoin de savoir... Quel est son nom ?

- Alastar Orchidéus...

En entendant ce nom, Deneus faillit tomber de sa chaise.

- Mon dieu Enutrof ! Mais... il a tué des centaines de personnes et a pillé des villages entiers !

- Oui..."

Elle baissa la tête et chercha un peu de réconfort dans la soupe à l'oignon servie.

"- Et... comment se fait-il qu'il vous connaisse ?

- J'ai travaillé pour lui, j'ai gardé ses poupées...

- Pourquoi voulait-il vous tuer alors ?

- J'ai découvert une chose que je ne devait pas savoir...

- Quelle chose ?"

Elle soupira, elle ne pouvait pas dire ce qu'elle avait vu... Elle ne voulait pas les inquiéter...
Deneus se leva et s'approcha d'Hilinia, il sentait l'alcool mais semblait être conscient de ce qu'il faisait, comme si l'alcool qu'il avait bu était devenu de l'eau

"- Quelle Chose ?

- Il a tué beaucoup de personnes... et prévoyait d'assassiner Solis Rivier..."

Un silence glacial suivit la révelation d'Hilinia, malgré le feu qui crépitait dans l'âtre.

"- Mais pourquoi ?

- Je... je l'ai entendu discuter avec un Sram chez lui, il disait que Solis avait "fait quelque chose qu'il regretterait..." Après, il m'a entendu et a su que j'avais tout découvert, il menaçait de me tuer si je partais... Je me suis enfuie de chez lui car, il parle plus avec ses muscles qu'avec son cerveau et il était très facile à berner... Cependant il m'a retrouvé ici dans cette taverne et maintenant je suis en fuite par un fou furieux qui a fait couler du sang et menace le chef de la Saphirae...

- Je vois... Je pense que vous serez en sécurité ici... Vous dormirez dans cette maison ce soir..."