[Chapitre 3] Le château de la Saphirae Nocturnus

Symbole de la puissance de la Saphirae Nocturnus, ce château se dresse non loin d'Astrub éclipsant presque la ville des apprentis aventuriers à la vue des membres de la guilde. En effet un puissant sortilège maudit ce château qui ne peut être visible que par ceux qui ont juré serment en son sein ou qui sont accompagnés par un des membres de la Saphirae. Le château composé de plusieurs dizaine de salles est le dernier retranchement de la guilde.

Cela faisait déjà quelques semaines depuis que le baron de la Saphirae avait ordonné la mobilisation générale contre la menace du clan des Imas. Entre temps, l'éniripsa que Gadis avait mandaté par l'intermédiaire de son tofu Albert était venu soigner les blessés de la Saphirae au château : Solis, Gadis et Hilinia s'étaient définitivement remis de leurs blessures, mais malheureusement on ne pouvait pas en dire autant pour Khris. En effet, l'éniripsa venait fréquemment osculter l'oeil de ce dernier.

- Il est vrai que l'oeil est un organe extrêmement fragile et donc délicat à soigner, pensa Kayme pour elle même. Espérons qu'il parviendra à le guérir, soupira-t-elle, inquiète.

Tout le monde s'affairait, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du château : tandis que Solis, Gadis et Fousbuges organisaient sa défense, les services secrets enquêtaient dans l'ombre sur les Imas. De son côté, Kayme avait elle aussi décidé d'agir. Ayant vécue pendant presque la moitié de sa vie dans le monde de l'ombre, sous la protection du dieu Sram, elle connaissait les endroits du "milieu" où l'on pouvait obtenir des renseignements intéressants. Elle n'aimait pas aller là-bas, mais il fallait agir. Regardant son tifoux :

- Dépêchons-nous Yuuki ! Plutôt on y sera, plus vite on rentrera ! lui dit-elle pour s'encourager.

Et c'est en courant que Kayme et Yuuki se dirigèrent vers le quartier des vices d'Astrub.

Alors même que Kayme s'éloignait du chateau elle entendit les cris de Gadis, ainsi que des bruits de course.

- C'est ca va t'en incapable. Nous sommes en guerre pas en pique nique. Si t'es pas foutu d'appeler ne serait ce qu'un tofu tu peux rentrer chez toi traire les pooles.

Un autre osadomas vint lui chuchoter à l'oreille.

- T'as raison. On reprend. Bon alors d'abord on lève le...

Un gros morceau du mur du chateau tomba faisant taire les explications de Gadis.
Deux sadida habillés en noir sortirent des décombres indemnes un sourire sur le visage.

- Allez, mettez en pratique votre lecon de ce matin.

Alors que tous les apprentis invocateurs présents se concentraient, une véritable petite armée de tofus prit forme menée par un énorme bouftou. Poursuivant leurs opposants à travers la forêt, cette petite ménagerie disparut.

- Allez prévenir mon frère... Bande de mauvais...

Alors que Kayme et son tifoux Yuuki couraient en direction d'Astrub ils entendirent les cris de Gadis, suivi d'une énorme explosion ce qui les firent s'arrêter net dans leur élan : faisant volte face en direction du bruit, ils tendirent les oreilles, aux aguets. C'est alors qu'ils virent deux silhouettes vêtues de noir courir dans leur direction : il s'agissait des deux sadidas en question.

- Kayme : sortant ses dagues et Yuuki montrant les crocs, leur barrant la route : Eux ...! Ils ne passeront pas !

A mesure que les sadidas avançaient à toute allure vers Kayme et Yuuki, un énorme nuage de poussière se dessinait juste derrière eux, faisant un boucan de tous les diables et vibrer le sol de la même manière qu'une charge d'un troupeau de bworks. Les sadidas hurlaient : Kayme et Yuuki se préparaient à entamer le combat... le combat ?

A leur grande surprise, les sadidas n'hurlaient pas pour signifier leur envie d'en démordre mais hurlaient de peur, visiblement effrayés par le nuage sur leurs talons. Ils passèrent comme une flêche devant Kayme et Yuuki restés en position de combat, les ignorant complètement et laissant à leur passage une énorme bourrasque qui manqua de faire s'envoler nos deux compagnons, pour finalement disparaître dans la forêt.

Au passage, Kayme pût distinguer ce qui créait ce nuage terrifiant : une horde de tofus dirigée par un énorme bouftou, qui machouillait un tissu noir, chassaient les deux intrus à moitié dévêtus, leurs têtes recouvertes d'un blanc-verdâtre douteux (les graines de pavot avaient dû être au menu des tofus aujourd'hui...).
Figés comme des statues de marbre et toujours en position offensive, une énorme goutte perla sur les têtes de Kayme et Yuuki.

- Kayme : toujours en position d'attaque, regardant fixement l'horizon : hem... certainement le résultat de l'entraînement de Gadis, ne faisons pas attention...^.^"

Puis se retournant vers Astrub, le regard sérieux.

- Kayme : Trêve de bavardage, allons-y Yuuki !

- Yuuki : japement affirmatif.

Puis ils filèrent sans plus attendre vers Astrub.

Accoudé sur les remparts du chateau Khris venait d'assisster à la scène.
Il relacha la flèche qui retomba dans son carquois.
Toujours emitouflé dans ce qui lui servait desormais de cape, et pourtant toujours sur la tête le curieux chapeau qu'il avait trouvé près de la maison de Deneus.

Non vraiment je n'ai pas de souci à me faire. Ce chateau est vraiment bien defendu.
Je me demande même si ils ont réellement besoin de quelqu'un comme moi..

Khris leva la main sur le bandeau qui lui recouvrait l'oeil. L'Eniripsa qui l'avait examiné ne pouvais se prognostiquer sur ses chances de guérison.
En d'autre terme son utilité au sein de la guilde se trouvait compromise.
Bien que sa nomination en tant que chef de la brigade maritime, lui prouvait que ses camarades croyait en lui, Khris doutais.
Khris leva la tête et regarda le ciel, il le trouva somptueux comme toujours.

Non... ça n'arrivera pas, je sais que mon oeil guériras, et ce quand la situation l'exigera.

Khris rebaissa la tête, et entendit des bruit de pas derrière lui...

C'était Solis, qui également, se promenait pensivement sur les murailles du château. Avec une amicale familiarité, il sourit au jeune archer borgne et vint s'accouder aux crénaux, à coté de lui. Les temps étaient durs, la guerre arrivait et le château se vidait. Mais même blessés, les gens de l'acabit de Khris étaient des amis sur lesquels on pouvait entièrement se reposer.

Il poussa un long soupir, regarda les bouftous courir après les Sadida terrorisés. Ah... Dame nature que tu es belle... Que les pas frais et nus sur la rosée du matin te rendaient agréable, que les cris joyeux des enfants te rendaient candide ! Même l'effroyable boucherie humaine qui suivit la course présentait un certain coté esthétique, quelque part, si on cherchait bien...

Enfin, contrairement aux Imas, la vie est belle à mesure qu'elle est fuyante !

- Comment va-t-on oeuil, Khris? s'esseya-t-il à lui demander, trompant le silence qui était retombé sur le château. J'ai entendu les médecins tres optimistes à son sujet...

Sa moue trahit toutefoit son inquiétude.

- Nous avons beaucoup perdu de puis quelques temps. Les gens fuient la guerre, c'est normal, mais non moins dur. J'ai perdu mes lieutenants les plus loyaux : prend soin de toi, car ta perte serait la plus douloureuse de toutes.

Khris posa la main sur son bandeau.

N'aye aucune crainte Solis, je sais ce que je vous dois à tous, et jamais je ne vous laisserais. Quant à mon oeil, ne t'en fais donc pas, je te l'ai dit par la passé, je pense que ça s'arrangera avec le temps, même si je dois t'avouer que cela m'effraye quelque peu.

Khris se retourna pour appuyer son dos sur les creneaux des murailles du chateau, puis il leva la tête et regarda le ciel.

Il y à quelque nuages au dessus de notre guilde...
Mais ne sens-tu pas le vent qui se lève, mon cher Solis ?
D'ici peu je sens que les nuages qui s'amoncelais au dessus de nous partirons.
Nous aurons toujours des hauts et des bas, il ne tient qu'à nous de relever la guilde quand elle est au plus mal.
Cette nouvelle alliance semble porter ses fruits, et je sens que d'ici peu nous serons amener à accomplir de grandes choses.

Khris rabaissa la tête et sembla regarder dans le vide.

Cette histoire que vous avez eux dans la forêt me trouble...
Je ne peux m'empecher de me demander ce qu'il serais advenu si toi et ton frêre, n'aviez pas survécu. Et pour cette même raison je m'en veux de n'avoir été la, quand vous risquiez vos vies.

Khris se tut

Solis jeta un regard à l’un et à l’autre, avant de regarder, du haut de ses murailles, le désolant spectacle que donnaient les invocations des hommes de Gadis en dévorant, avec une tranquillité arrogante, les restes vifs des deux Imas. Aaaah, les Imas ! Si les problèmes de la Saphirae Nocturnus pouvaient s’y limiter !

- C’est vrai, Fousubuges, reprit-il en fronçant les sourcils. Nous avons à parler.

La quête du Grahal était encore fraîche, mais déjà lointaine. Avec tout ce qu’elle avait à subir, il semblait presque saugrenu au baron de poursuivre cette quête dans l’immédiat. Toutefois, le Grahal était cet espoir, cet unique espoir lointain et presque inaccessible, qui guidait ses actes et vers lequel tout son être tendait. Ils en reparleraient.
Solis poussa un soupir sonore et regarda les étendues verdoyantes qui entouraient le château de la guilde et posa la main sur la hampe du marteau de guerre qu’il avait accroché à sa ceinture.

- Demain, nous lancerons la battue pour trouver le camp des Imas. J’aimerai que chacun d’entre vous soyez mes ailes durant l’opération.

Il se tût un instant et jeta un regard sévère sur l’horizon.

- Evidemment, je ne veux vous forcer à rien. Si vous refusiez, au vu des trop nombreuses désertions que nous subissons, je comprendrai.

Fousbuges ! Ton retour en ces temps troublé est un bon présage pour l'avenir.
Ne t'en fait pas pour mon oeil, les médécins ne savent que faire, mais moi j'ai bon espoir que d'ici peu, tout redeviendra comme avant.

Khris se tourna vers Solis

En ce qui concerne ces fourbes d'Imas, je serais enchanté d'être en première ligne pour les débusquer. Et ce serais pour moi un véritable déshonneur que de refuser ta demande.
Dis moi quand partir, et j'irais, seul si il le faut !

L'expression de Khris s'etait durci, son visage refletais sa motivation de traquer les Imas jusqu'au dernier, et on pouvais presque sentir une aura de haine autour de lui.
Visiblement, quelque chose n'allais pas et semblais le préocupper...

Gadis se retourna et aperçu les trois comparces en haut du château :

Dites donc ça va vous vous fatiguez pas trop la haut... Moi je me tape des incapables à qui je dois refaire l'éducation et vous vous admirez la vue. Bon descendez qu'on leur botte le train à ces Imas.

Gadis se retourna vers les invocateurs de l'armée de la Saphirae.

Et vous retrouvez moi vos bestioles et vite au lieu de vous bidonner. Et toi nettoie moi ça... ET VITE !

Gadis s'approcha du mur écroulé pour souffler devant le prix des réparations à venir...

Tu as raison Fousbuges.
Et je serais fier de combattre à tes côtés.
Solis, il me semble que ton frère solicite notre aide, afin d'en finir avec ces Imas.

Khris attendait la réaction des ses compagnons.

Solis esquissa un sourire fatigué à Fousbuges, puis à Khris, afin de s'accouder de nouveau sur les crénaux du chemin de ronde. Allons, ils n'allaient pas lancer la battue aujourd'hui, alors qu'elle était prévue pour demain. Les soldats s'entrainnaient encore, les armures en désordres, quand aux lances, elles étaient si fraichement forgées que certaines d'entre elles étaient encore rouges sur leurs étals de forges. Non, ils attendraient demain matin, à l'aube, avant que le soleil ne se lève.

- Préparez vous bien, mes amis, conclut il, la main sur sa longue épée. J'ai bien peur que demain ne soit une terrible journée.