[Chapitre 2] Dans les ruines de l’ancienne auberge

Cela faisait plusieurs jours que l’incident d’Orchideus avait eu lieu et personne depuis n’avait eu de nouvelle d’Hillinia. L’auberge n’était plus qu’un tas de ruines fumantes : son toit avait brisé ses tuiles sur le sol et ne restaient debout que trois des quatre murs, qui chancelaient dangereusement. Ologue et Rapie, les tenanciers de l’auberge, avaient plié bagage depuis longtemps, emportant ce qui restait de leurs bien.
Le lieu, abandonné aux bêtes, est maintenant désert.

« Si les Bwork avaient attaqué ici, nous n’aurions pas senti la différence » songea Solis en jetant un regard aux ruines qui l’encerclaient. Il eut un petit pincement au cœur lorsqu’il vit la tasse de porcelaine enluminée, sa préférée, celle dans laquelle il avait bu tous les thés qu'il avait commandé dans ce qui fut, autrefois, la plus jolie auberge du baronna. Elle gisait ainsi au milieu des décombres, sans sa soucoupe mais miraculeusement intacte.

Solis se pencha pour la ramasser. Ce n’était pas le Grahal, mais ça avait de la valeur à ses yeux. Mais des bruits de pas retentirent dans son dos…Qui va là ?

Le chevalier dégaina son épée et se retourna vivement.

Il reconnut rapidement son vieil oncle. A côté de lui se trouvait Hilinia, un peu fatiguée mais remise de ses blessures.

- Je l'ai emmené chez moi pour la protéger et la soigner. Bon ba c'est sûre qu'elle n'a pas mangé quatre étoiles mais ça n'avait pas l'air de la gêner.
D'ailleurs si tu croises ton vieux maître d'armes tu lui diras que sa fosse a servi. Cepandant j'ai des soucis. Quand j'ai parlé à Gadis que le sadida avait détruit l'auberge il a voulu aller nous venger et quand il a su qu'il avait blessé assez sérieusement Hilinia, il est parti aussitôt. Depuis aucune nouvelle même pas un tofu voyageur... Je commence à m'inquiéter...

Solis rangea son arme dans son fourreau, un peu gêné et croisa les bras, comme il a l’habitude de le faire. Et bien et bien…
Il jeta un regard à son oncle et sourit, un peu soulagé, en cachant la tasse derrière son dos : si Hillinia était saine et sauve, c’était tout ce qui comptait. Du reste, un criminel rôdait encore dans les bois et les lieux n’étaient pas surs.

- Gadis, disparu ? Vraiment ?

Solis ne savait pas d’où venait la haine que Deneus et que Gadis entretenaient à l’égard des Sadida, mais il était certain que Gadis n’abandonnerait pas sa poursuite avant la mort du criminel…ou la sienne. Orchideus était visiblement bien plus puissant que le jeune Osamodas : lorsqu'il le comprit, le chevalier eut soudain peur. Il regarda longuement Deneus dans les yeux, avant de prendre une décision.

- Je vais à sa recherche, mon oncle, dit il en serrant le pommeau de son épée. Je vais à sa recherche, et j’espère qu’il n’est pas trop tard…

Au detour d'un chemin sombre, Khris se trouvait là, assis par terre. Il semblait attendre quelque chose.
A la vue de Solis, il leva doucement la tête.

Je suis épuisé, mon ami.
Moralement et physiquement fatigué.
Je ne sais pourquoi et je ne peux l'expliquer, mais je sens que quelque chose d'important est arrivé. Une chose importante et grave ayant attrait à se dont je suis incapable de me rememorer.
C'est pourquoi je souhaite, m'absenter quelque instant, et vous annoncerais mon retour dès que j'aurais mis un terme à se qui me préocuppe.
Ne me suivez pas...

A ces mots, Khris se retourna et partit l'arc à la main.
Solis eu juste le temps de s'apercevoir d'une mince goutte de sang s'écoulant de sa cicatrice.
Celle-ci s'était réouverte...

Hilinia les yeux fatigués, regardait avec désolation les ruines qui se dressaient devant elle. L'auberge avait été brulée à certains endroits et la toiture s'était effondrée (une main apparemment encore reliée au propriétaire sortait de terre, sanglante et il lui manquait trois dogts, Hilinia dégoutée, ne put se retenir de vomir). Elle essayait d'oublier ce qu'il s'était passé la nuit de l'attaque mais à la vue de cette "auberge" elle voyait des images défiler devant ses yeux. Elle boitait légérement, elle s'était blessée lorsqu'elle avait plongé sous la table. Elle priait pour que Solis revienne vivant.

"- Ne t'inquiète pas petite ! finit par dire Deneus (ses paroles rompurent le silence glacial et firent sursauter Hilinia). Solis s'en sortira... et Gadis aussi...

- Je l'espère... je l'espère...

- Ils savent se battre ne t'inquiète pas...

- Alastar ne les laissera pas s'en sortir... de plus il voulait... il voulait -une larme perlat sur sa joue- le...

- Je le sais mais ils ne vont pas mourrir... à deux contre un, ils vont s'en sortir...

- Je vais les chercher !

- Tu tiens à mourrir toi, non ? La forêt est pleine de monstres à la puissance innimaginable !

Elle ne prit même pas le temps d'écouter ce que lui disait le vieux sage. Elle courrut dans la direction que Solis avait emprunté. Sa jambe blessée ne la faisait plus souffrir, elle n'y pensait plus. L'adrénaline la faisai courrir plus vite, elle sauta d'arbres en arbres avec l'agilité d'un Ecaflip. Elle était essouflée et décida de prendre une pause quelques minutes. Sa jambe lançait mais peu lui importait. Elle regarda le sol et vit des gouttes de sang par terre qui formaient un chemin. Elle les suivit jusqu'à découvrir Khris le visage sanglant. A la vue d'Hilinia, il s'enfuit en courant, son arc à la main. Un cri déchirant retenti soudain au loin. "Oh non !" Oublaint sa douleur et sa fatigue elle courut en direction du cri. Dans une clairière, elle découvrit Gadis, prisonnier de ronces et plaqué contre un arbre et Solis en plein combat contre Alastar...

Solis livrait à Alastar un combat féroce. Le gigantesque barbu était armé d'une grande matraque lestée et parait sans mal ses nombreuses attaques. Le chevalier, pourtant, était furieux. Maudit Sadida ! S'attaquer au baronat alors qu'il m'est juste revenu !

Tes crimes ne resteront pas impunis !

Il bondit dessus à trois reprises, mais le Sadida le repoussa à chaque fois. Solis eut a parer, avec son écu aux couleurs de la Saphirae Nocturnus, les coups terrible du monstre. Son bouclier ne survécu d'ailleurs pas sans fissures.
Voyant ses opportunités d'attaques toutes annulées, Solis décida de charger le monstre, bouclier en avant, et c'eut pour effet de déstabiliser Orchideus.
Pas longtemps en vérité, juste un instant, le temps pour le chevalier de trancher, d'un coup sec, les ronces vénéneuses qui entravaient Gadis. Son jeune frere, épuisé et en sang, ne tarda pas a s'éffondrer sur le sol.

Solis et Orchideus se jugèrent longtemps.
Son ennemi ne voulant pas l'approcher, le baron tenta de le charger à nouveau, comme il engage la majorité de ses ennemis. Mais encore une fois, son attaque fut déviée et son épée s'enfonça profondément dans un arbre. Le Sadida en fit alors emerger des ronces prestes et tranchantes qui s'enroulèrent autour du cou du jeune homme et y plantèrent leurs longues épines.

Orchideus ricanna lorsqu'il se saisit de son antagoniste de sa grande patte velue, pour le frapper de sa trique à deux reprises, avec une force qui aurait certainement tuée un boeuf. Le visage du baron était rouge des coups qu'il avait enduré, et contre lesquels son casque d'écailles s'était révélé presque inutile.
Arrachant ses propres ronces, Alastar saisit Solis et le porta d'une main, le toisant avec un ricannement mauvais et le projetant au loin.
Sa lourde armure traca un sillon dans le sol, tandis que le chevalier s'écrasait avec violence non loin de son frêre, pulvérisant par là meme sa petite besace dans laquelle il rangeait ses effets, le pain que lui avait pétri sa jeune fiancée,et la bière qu'il avait récupéré d'un raid contre les Bworks...

Nul ne sut depuis quand Albert était là. Albert était un petit tofu, ami de Gadis. Nul ne sut pourquoi non plus il sortit du sac de Solis une bière. Cepandant Solis comprit lorsqu'il en fit boire à son frère épuisé. Alors qu'il avait à peine finit de boire la bière Gadis parut comme revigoré. Ce relevant d'un coup sec il toisa le grand sadida. Ses muscles qui semblaient tantôt chétif étaient devenus aussi solides et larges qu'un tronc de bamboo. Le marteau que Solis lui avait forgé qu'il soulevait jadis péniblement à deux mains ne paraîssait pas peser plus d'un plume alors qu'il ne le tenait qu'à une main.

- Alors petite on a perdu sa poupée. Tiens moi je t'offre un bouftou.

Un nuage noir apparu alors révélant un bouftou.

Bon c'est pas tout mais j'ai d'autre chose a faire. Solis, tu tiens encore assez debout pour la double Kasselnikov ?

Hilinia, le regard vide et la bouche ouverte, regardait le spectacle sanglant qui s’offrait à elle. Elle vit Alastar Orchidéus tenter de frapper les malheureux frères Rivier avec force mais ceux-ci continuèrent de livrer bataille. Un coup transperça l’armure de Solis, Orchidéus l’avait atteint un plein ventre. Il regarda Hilinia puis s’écroula au sol. Gadis regardait son frère gisant au sol avec une expression de haine féroce.

« - Si il meurt, tu paieras ! Fils de chien ! »

Il leva son marteau et asséna des coups sur le corps massif d’Alastar. On entendit des os se briser et du sang giclait de partout. Un dernier coup sur la tête fit chavirer le corps massif et lors de sa chute, on aurait juré qu’il avait fait trembler la terre. Gadis plongea vers son frère, priant pour qu’il ne meure pas. Albert venait au pied de Gadis et se frottait affectueusement contre son maître mais celui-ci le repoussa vivement. Hilinia s’avança et fouilla dans son sac. Elle y sortit différentes herbes qu’elle pilla entre deux pierres.

« -Qu’est-ce que tu fais ? Je te signale que mon frère est en train de mourir ! »

Sans un mot elle s’approcha de Solis et le força à avaler les plantes pilées auxquelles elle avait ajouté de l’eau. La blessure s’arrêta de saigner et commença à se refermer lentement. Hilinia banda la plaie avec un morceau de tissu trempé dans un liquide nauséabond. Solis ouvrit les yeux et regarda Hilinia et son frère. Il sentait ses forces revenir peu à peu.

« - Qu’est-ce que tu lui a donné ? demanda Gadis. Je ne connais rien qui puisse soigner aussi vite !

- Les Sadidas apprennent à écouter la nature et peuvent fabriquer des potions comme des poisons. Si j’y avait mis trop de menthe, il serait mort à l’heure actuelle. »

Un sourire forcé aux lèvres, elle ne dit plus rien pendant quelques instants et s’éloigna.

« -Où vas-tu ?

- Il est mort non ? Je n’ai plus rien à faire ici ! Enterrez le quelque part, dans un endroit à l’abri des regards. »

Elle se retourna pour regarder Solis et Gadis puis Alastar. Elle fit des yeux ronds et cria :

« - Attention ! »

En effet Alastar s’était réveillé et touchait la terre avec ses mains. D’énormes ronces sortirent de terre et enserrèrent les deux jeunes Rivier.

« - Je les tiens cette fois et je t’aurais, cette fois tu n’auras pas d’aide de tes compagnons ! »

Il se releva et un ignoble sourire se ficha sur le visage sanglant du Sadida qui mit une main à terre et un sillon se dessina là où il avait posé la main quelques secondes auparavant. Il se creusait de plus en plus mais Hilinia avait eu le temps de l’éviter. Elle plongea sur le côté et fit jaillir des ronces du sol qui plaquèrent le monstre au sol. Il sortit une dague de sa poche et trancha les ronces avec force. Il s’avançait désormais vers Hilinia, un sourire dément et un regard plein de haine. Par chance, l’épée de Solis gisait au sol à ses pieds. Elle la souleva et la tenait devant elle prête à transpercer ce corps massif à la moindre attaque. Le grand Sadida leva la dague mais n’eut pas le temps d’attaquer, Hilinia fut plus rapide. Elle enfonça l’épée au plus profond du Sadida. Comme une fureur ne s’arrête pas, elle la sortit et le transperça de part en part. Cinq coups furent portés et le Sadida s’effondra, mort cette fois ci. Hilina jeta l’épée par terre, choquée. Dans le sillon formé par Alastar, elle y jeta sa dépouille sanglante et referma le fossé d’un geste fébrile. Elle libéra Gadis et Solis de l’amas de ronce et s’enfuit à toute jambe dans la forêt, les mains pleine de sang, échappant aux questions des deux frères.

C'est à ce moment que des applaudissement résonnairent dans la clairière.
Après une scène pareil, ils paraissaient comme irréel.
*Clap Clap Clap*

« Très beau combat, juste assez de sang pour que je m'y interrèsse »
La voix semblait venir de la plus haute branche du grand chêne contre lequel reposaient Solis et Gadis.
« Je suis heureuse de servir sous les ordres de guerrier de votre trempe »
Les deux frères levèrent les yeux.
Ce qui ressemblait à une silouhette humaine était assise sur la branche.

« Tenez » . La Silouhette lanca une petite sacoche en direction de Solis.
« Le meilleur pain de tout Amakna ! »
Ce ne pouvait être que .. « Dacy !», crièrent les deux frères d'une même voix.
La sacrieuse sauta de la branche pour attérir juste à coté de Solis.

« Bonjour ! Un peu mou le coup d'épée non? » dit-elle d'un ton emprunt de légerté qui décidément ne collait pas avec l'horreur de la scène précédente.
« Allez debout Gadis ! ». La Sacrieuse lui tendit la main et, alors qu'il lui saissit, ses blessures s'estompaient et il senti ses forces lui revenir.
« Qu'est ce que...» Balbutia-t-il.
« J'ai moi aussi quelques talents de guèrisseuse. J'ai choisie la voie de Sacrieur et il me confère la capacité de transféré mon énergie vitale dans le corps de quelqu'un d'autre. Un peu comme des vases communiquant » Dit-elle d'un grand sourire.
« J'ai d'ailleurs donné un coup de pousse à la petite tout à l'heure. Elle est doué »
Dacy marqua une pose.
« Mais elle se surestime un peu ». Son visage arborait maintenant un sourire plein de compassion.
Elle regarda en direction du passage qu'Hilinia avait emprunté.
« La vie n'a pas été tendre avec elle. Perdre son innocence est une étape difficile. Il lui faut un peu de solitude. »
Elle se tourna vers les deux frères. « Mais elle reviendra »

« Mais tu étais la depuis le début? Tu as assisté au combat sans nous preter main forte? » dit Solis.
La Sacrieuse s'agenouilla et répondit d'une voix calme et amusée :
« Vous vous êtes très bien débrouillé. Je n'ai même pas eu à sortir mon arc ! »
« Mais nous aurrions pu mourrir ! » enchérit Gadis.
« Mais vous avez vaincu ! » repondit-elle du tac au tac.
« A force de jouer avec ma vie et celle des autres, j'ai acquis la capacité à percevoir des fragments de la destiné de chacun. Et force est de constaté qu'Hiliana possède une destiné hors du commun. C'est une bonne chose qu'elle puisse compter sur vous et.. »

Elle chuchotta presque ce mot car elle savait que cette décision allait la lié à jamais à la jeune Sadida et aux deux frères River :
« .. moi »

Dacy se releva, tendit une main à chacun de ses compagnons en lançant de son plus beau sourire :
« Et si nous allions prendre une Bière ? ».

Chacun semble en avoir fini avec ses demons...

Khris apparut parmis les fougères, il boita sur quelques mêtres puis il s'appuya sur un arbre. Visiblement, le simple fait de tenir debout le fatiguai horriblement.
Son visage exprimai la douleur, son oeil gauche était fermé et du sang semblais s'en écouler.
Il avanca en direction du groupe, fit quelques mêtres avant de tomber à genoux, le sang sur sa cicatrice avait coagulé. Khris regarda son arc, puis il tourna la tête vers Solis.

Je suis de retour, la Saphirae Nocturnus, peut de nouveau compter sur mon aide...

Khris sourit

Dès que je serais remis...

Khris s'effondra par terre, sa respiration semblais difficile.

Hilinia courait maintenant, elle ne s'arrêtait pas... Sa poitrine lui brulait et elle avait fini par s'effondrer. Elle avait vu une grande silhouette qui l'avait tiré et l'avais remise d'aplomb puis repartir en direction de la clairière. Elle aurait voulu crier : "N'allez pas par là !" mais elle était sous le choc et semblait muette.
Elle reprit sa course croisant de nombreuses ombres fantomatiques sur le chemin, des monstres semblait-il. Elle s'en fichait et continuait de courrir, elle courait vers le vide et sentit son coeur battre à la chamade. Du sang s'était répendu sur ses vêtements et sur son visage. Elle avait tué quelqu'un... Elle se sentit mal puis tomba de tout son long près d'un ruisseau où broutait le troupeau de bouftou d'une jeune Féca qu'elle avait déjà croisé au sud d'Astrub. Elle surveillait son troupeau et écartait le moindre monstre qui s'approchait du troupeau. Lorsqu'elle vit un corps étendu au sol, elle cria :

" -Va-t-y mais ques tu fais là ti ?
-...
- T'va m'répondre oui ? T'va m'dire pourquoi t'es aussi près dmon troupeau !
-...
- Je vois t'sais pas parler ! Oh vin djeu ! T'es blessé ti !
- ...
- Prend c'pain ! J'vais pas t'faire crever au milieu d'mon troupeau !"

Elle mangea avidement le pain et sentit ses forces revenir elle se leva et repartit au fin fond de la forêt...
"-Tu pourrais m'dire merci !avait hurlé la Féca"
Elle s'arrêta enfin sur un orme et comtempla le paysage qui s'offrait à elle. Elle voyait la montagne des craqueleurs et des combats d'aventuriers imprudents.
"Jamais je ne pourrais retourner à la Saphirae... J'ai tué un homme... Je suis trop cruelle..."
Elle réflechissait perdue dans ses pensées. Elle finit par s'endormir d'un sommeil agité de cauchemars.[i]

Alors qu'Hilinia dormait toujours Gadis s'approcha silencieusement et s'assit sur une souche. Son frère était parti avec Dacy boire une bière mais Gadis lui n'avait pas le droit à la bière.

Il se mit à chuchoter plus pour lui même que pour quelqu'un :

- Mais Hilinia pourquoi es-tu partie...? On est une famille, tu peux tout nous dire. On a tous nos secrets. Regarde, moi, tout le monde sait que j'ai déjà tué quelqu'un et personne ne m'en veut. Si tu ne peux pas t'intégrer cela risque d'être génant. Il faut que l'on puisse compter les uns sur les autres...

Hilnia dormant toujours, sentit un souffle sur sa nuque. Elle sursauta et sortit une poudre de sa poche qu'elle projeta sur le visage de la personne. Gadis hurla et lorsqu'elle se rendit compte de son geste elle plaqua ses deux mains sur sa bouche puis s'exlclama :

"- Oh mon dieu ! Gadis ! Je vous avais prit pour un rodeur qui voulait me faire je-ne-sais-quoi ! Oh mon dieu, oh mon dieu ! Vos yeux j'y ai été un peu foirt cette fois-ci ! Ne vous inquiétez pas vous retrouverez la vue dans quelques instants."

Gadis, n'y voyant rien entendit le bruit de deux pierres qui s'entrechoquent puis un liquide froid coula sur ses yeux qui ne le firent plus souffrir. Il ouvrit ses yeux comme si il ne s'était rien passé.

"- C'est par précaution, la forêt n'est vraiment pas sure en ce moment... Je suis désolée, vraiment...
- Ce n'est rien, ce n'est rien j'ai connu pire ! J'ai déjà reçu une pluie de flèches !
- Oh mais, vous êtes sûrs que...
- Mais oui je vous dit ! Bon revenons à quelque chose de plus sérieux. Je suis venu vous demander quelques explications après ce combat. Je sais que c'est difficile... mais cela le sera encore plus si l'on reporte cet "entretient" à plus tard...
-...

Un grand silence fit place et l'obscure clarté de la forêt donnait une ambiance plus que mystérieuse et inquiétante. De plus de nombreux bruits venaient troubler le calme de la forêt. Hilinia se sentait observé et écouté par les nombreux arbres de cette forêt.

- Je dois vous dire également que si vous ne vous intègrez pas bien au groupe... vous risquez de le quitter...
- ... De toute façon je ne sert pas à grand chose...
- C'est faux ! Vous nous aidez grandement !
- Ne mentez pas... s'ilvousplait ! Assez de mensonges !
- Bon... c'est sur vous en faites beaucoup moins que les autres membres... mais vous êtes sympathique...
- Je suis un poids, n'est-ce-pas ?
- Je n'ai pas... je n'ai jamais... et puis... voilà vous êtes très sympathique... bafouilla Gadis qui semblait gêné.
- Je le savais... si vous ne voulez plus de moid ites le !
- Nnn... non ! Mais la prochaine fois qu'un homme vous poursuit, dites le !
- Oh lui ! De toutes façon il est mort !
- Oui mais si je savais pourquoi il vous pourchassait, j'aurais pu vous aider... On a échappé à la mort... Ca aurait pu très mal finir... sauf si vous nous aviez dit la vérité...
- Eh bien ! Vous la voulez la vérité ? -elle pleurait maintenant- Cet homme ! Ce salaud ! Il m'a fait subir les pires choses de ce monde ! Au début j'étais une simple gardienne de poupées pour un salaire de misère à Incarnam... Esuite j'ai entenu quelque chose que je ne devais pas entendre... J'ai entendu qu'il voulait tuer Solis !"
Il y eut un silence... Gadis avait les yeux écarquillés...
"- Oui il voulait le tuer parcequ'il lui avait "pris quelque chose qui lui appartenait et auquel il tenait beaucoup... Il 'ma vu puis m'a enfermé... Il a fait les pires choses que le monde puisse faire... Il me nourrisait très peu et je sortais uniquement pour aller chercher sa bière et promener ses poupées. C'est là que j'ai rencontré Solis... Puis que j'ai rejoint votre groupe en le laissant, pensant qu'il ne me retrouverai pas car il aimait la bière de hauteurs. Il m'a retrouvé dans cette taverne puis vous connaissez la suite...

Hilinia pleurait... elle pleurait, seule, pendant que Gadis la regardait, sans expression, comme vidé par ces révélations... Elle regarda les arbres alentours et aurait juré qu'ils avaient bougé....

Allez,allez, ca va aller.

Gadis la prit par les épaules et la laissa pleurer.

- Vous allez mieux?
- Oui ca va aller.
- Bon vraisemblablement on n'est pas seul.

Un buisson bougea.

- Je vous propose d'aller chez mon oncle ça ne doit pas être très loin et puis vous le connaissez déja.

Alors que Gadis emmenait Hilinia, la tenant toujours par les épaules, un hurlement dans la forêt se fit entendre, alors qu'un petit sadida avec les poils tressés arriva.

- Vous deux, arrêtez vous
- Et pourquoi je m'arreterai le rouquin, répondit Gadis.
- Parce que... et bien parce que... mince. C'est ... ah oui. Votre guilde va être rasée. Vous vous êtes attirés des ennuis. Vous avez tué le meneur de la guilde des Imas et nous vous le ferons payer.

Avant même toute réaction le sadida disparut se fondant dans la forêt.

- Désolé pour les vacances dans la maison de campagne. Il faut prévenir les autres. Cette histoire restera entre nous. Officiellement vous avez refusé les avances du sadida il y a longtemps et il a voulu se venger, voilà.

Solis se précipita sur Khris. Il avait l’air bléssé et son état n’avait pas l’air de s’arranger. Pire, son oeil semblait crevé. Pourvu, se dit le chevalier, que Khris ne deviennes pas borgne ! Quelle plaie pour un archer de son talent que de perdre un œil !
Constatant son incapacité de faire quoi que ce soit pour son vieil ami dans l’immédiat, Solis se décida à le porter des forces qui lui restaient. Sa propre armure était brisée en mille morceaux et son épée de chevalier était plantée jusqu’au pommeau dans un arbre de la forêt.
Blessé, couvert de sang et épuisé par le combat, il jeta un regard torve –mais néanmoins plein de reconnaissance– à Dacy qui avait veillé sur eux, et, un sourire faible s’affichant sur son visage devenu rouge par les coups de matraque d’Alastar Orchideus, serra les poings et soupira.

« Rentrons chez nous… » murmura-t-il dans son soupir.

La nuit était tombée depuis un moment. Tout le monde dormait à présent après avoir dîner un ragout de sanglier que Deneus avait préparé. Un cri déchira le silence de la forêt...
Hilinia hurlait. Elle hurlait à plein poumon :
'-Noooooon ! Ne les tuez pas ! Nooon ! Du saaaang ! A l'aide ! Il est mort ! Aidez moi !"

Elle s'agitait convulsément sur son lit. Gadis et Deneus s'étaient réveillé et immobilisèrent Hilinia.

"-Calmez vous ! Calmez vous ! avait dit Gadis, d'une voix calme. Ce n'est que Gadis ! Vous rêviez !"

Hilinia cessa de bouger, elle ouvrit les yeux et s'exclama :

"-Ils l'ont tué ! Ils ont osé ! Du sang ! Nous mourrons tous !

- Un rêve ! Ce n'était qu'un rêve !

- Il va mourrir ! Nous ne pourrons rien pour lui !

- Qui "il" ?

- So... Solis..."

Gadis continuait de rassurer Hilinia, mais elle avait vu son regard surpris lorsqu'elle avait annoncé le nom de son frère.

- Ce n'était qu'un cauchemar... Calmez vous... Oh mon dieu ! Mais d'où vient tout ce sang ? Vous saignez ma parole ! Et beaucoup !

En effet sur la couchette d'Hilinia, il y avait du sang... du sang frais... Pourtant aucune blessure visible n'apparaissait sur la peau halée d'Hilinia...

- Bon, Deneus, va me chercher une bassine d'eau froide. Pendant ce temps là je vais devoir vérifier où est la blessure.

Après avoir légèrement bougé les draps, Gadis trouva une blessure béante sur la cuisse droite d'Hilinia.

- Bon je vais essayer une méthode qui marche sur les bouftous. Elle s'est rendormie et c'est tant mieux car ça fait mal.

Gadis prit du gros sel, le mit dans la plaie béante puis l'enleva avant de serrer fort le bandage. Deneus arriva avec la bassine froide.

- Tiens p'tit gars je vais chercher ton frère, nous serons là demain matin vers m'di. Prépare la Kroutt.

Sur ce Deneus partit dans la pénombre.
La nuit se passa sans autre problème. Au matin Hilinia se réveilla douloureusement avec un ptit dej' au lit. Aucun des deux ne parla à l'autre mais il était évident que depuis l'aventure nocturne d'Hilinia il n'avait pas dormit. Il s'avanca vers Hilinia et lui prit la main

- Ecoute Hilinia. Ce n'était qu'un cauchemard ce n'est pas grave. De toute facon nous serons toujours là pour te proteger. Moi peut être un peu plus que les autres mais j'aimerai te dire que...

Avant qu'il n'ait pu achever sa phrase, les sifflements lointains de Deneus se faisaient entendre ainsi que des bruits de pas nombreux.

Hilinia semblait rassurée au sujet de ce cauchemar. Elle ne devait pas le prendre au sérieux.
"Ca paraissait si réel !"pensa-t-elle. "Je ne dois pas inquiéter Gadis... je ne dois pas les inquiéter et me forcer à ne plus y penser... Mais ces hurlements... Cette guilde de la forêt... je la connais.... j'en suis sûre..." Elle n'eut pas le temps de formuler d'autres hypothèses car Solis venait d'arriver dans la chambre d'Hilinia...

Solis arrivait en compagnie d’un petit groupe d’hommes dans la cabane de son oncle Deneus. Son armure en écailles avait été réparée, tandis qu’un nouveau casque ornait son crâne. L’un des soldats de la guilde l’aidait à marcher, sa blessure le faisant toujours autant souffrir.
Il entra sans grande pompe dans la petite cabane, où son assistant lui trouva un tabouret et lui permit de s’assoire dessus. Le jeune chevalier semblait très affaibli, mais il était solide, pensait-on. Il se remettrait sans mal de ses blessures.

- Cette scène me rappelle quand le vieux Kasselnikov nous a aceuilli dans sa cabane, après la mort de nos parents, constata-t-il en fronçant les sourcils. Félicitation, petit frère : ton attitude nous fait honneur.

Il se tourna sitôt après vers la jeune Hilinia, encore alitée et dont la blessure cicatrisait à peine. Brave fille. Elle en avait déjà fait assez. Inutile de l’accabler avec trop de questions… pourtant…Il devait savoir.

- Vous allez bien ?

Autant commencer doucement.

Hilinia savait ce qu'il voulait... Des questions... Toujours des questions... De toutes façons autant lui dire, autant LEUR dire...

- Oh euh doucement... ce qu'elle répondait habituellement à la guilde.

- Vous... vous vous remettez ?

- Euh oui... Mis à part cette blessure étrange qui refuse de cicatriser... Je ne sais même pas d'où elle vient...

- Deneus m'a raconté que vous avez fait d'étranges cauchemars...

- ...

L'ambiance était glaciale, Solis regardait Hilinia comme si il voulait découvrir ses moindres secrets.

- Ce n'était qu'un cauchemar... Ne vous en inquiètez pas outre mesure... Je ne vais pas mourrir !

Il avait dit cela comme pour se rassurer lui-même. Un sourire perçait le visage habituellement fermé de Solis.

- Je pense qu'il serait temps de m'en dire un peu plus sur... cet homme... et aussi sur ce rêve... racontez moi ce qu'il s'est passé, ce que vous y avait vu...

- Je préférerai vous raconter ça seul à seul... Gadis peut rester... mais votre assistant...
et vos hommes...

-Bien sûr... Bien sûr...

Il claqua des doigts et tout le monde disparu.

Hilinia prit la parole et conta ce qu'elle avait vu :

- Du sang... beaucoup de sang... Des gens morts, étendus sur le sol... Le chaos... Vous étiez tué dans un combat... Des sadidas... des Srams... des Crâs livraient bataille contre la Saphirae... Il portait un insigne bizarre... Une guilde... je suppose... Et j'ai revu des visages qui me paraissaient familiers... comme... comme...

- Comme ?

-... je ne suis pas sûre... mais... je crois avoir vu mes parents... avec l'insigne... Peut-être un effet de mon imagination...Fousbuges était présent aussi... Akeginu, Dacy... Balepatt... une bonne partie de la Saphirae...

La surprise se lisait dans le visage habituellement impassible de Solis...

- Vos parents ?

- Oui... J'ai également vu des crétures tels que des Bworks... des Dragoeufs...

Un long silence fit suite... Puis Solis reprit la parole :

- Ne vous inquiétez pas ce n'était qu'un cauchemar... Cette bataille n'aura pas lieu... Il faut l'oublier...

-...

- Et... parlez moi de cet Alastar. Je sais que vous gardiez ses poupées... Il a dit que vous en saviez trop...

- Oh euh... ce n'est rien...

- Ecoutez... Vous devez me le dire...

- J'ai entendu une conversation... il disait que vous aviez fait quelque chose que vous regretterez... et il voulait vous tuer ensuite...

Solis paraissait effrayé... Une guilde et cet homme voulait sa mort... Pourquoi...

- Alastar faisait partie de la guilde à l'insigne bizarre et je suppose qu'il en était le chef... Nous avons croisé un étrange Sadida qui nous a dit que nous allions le payer...

- Il devait plaisanter et être sous l'effet de l'alcool. Ce homme est mort, il ne pourra plus rien me faire... Vous devez cesser de vous inquiéter... Un cauchemar ne doit pas être pris au sérieux...

Hilina sentait qu'il voulait lui poser d'autres questions... Deneus frappa puis apporta du thé à Hilinia, Gadis qui était resté silencieux et Solis. Il disparut par la suite san dire un mot...

La porte d'entrée de la maison s'ouvrit timidement, laissant entrer les premiéres lueurs de l'aube, éclairant l'ombre qui se dessinait progressivement sur le seuil de la porte. Une voix douce s'éleva alors :

- Pardonnez-moi papy Deneus, j'étais venue pour vous apporter votre commande de pain et comme la porte d'entrée était ouverte, je me suis permise d'entr...

La silhouette d'une jeune femme vêtue d'une longue cape pourpre, portant à son bras un panier visiblement chargé, venait d'apparaître et se figea à l'instant où elle aperçut le jeune homme blessé.

Sa main libre s'arrêtant à la hauteur de l'une de ses dagues, Kayme dévisagea avec méfiance le jeune homme qui lui faisait face, se demandant quelle pouvait bien être la nature de sa présence aux alentours de la maison de papy Deneus.

Aussi surpris qu'elle, Khris rassembla ses forces pour se mettre en garde lui aussi, soutenant le regard clair et inquisiteur de son interlocutrice.

Plus elle le regardait et plus elle se disait que son visage lui était familier, mais ce n'est que lorsqu'elle reconnut le blason de la Saphirae Nocturnus sur son épaule que ses craintes se dissipèrent.

Visiblement rassuré quand il vit lui aussi l'insigne ornant la cape de la jeune femme, Khris se détendit un peu, faisant des efforts considérables pour se maintenir debout.

Jaugeant les blessures du jeune homme, elle s'en alla poser négligemment son panier sur la table la plus proche, sommant ce dernier d'entrer afin de soigner ses blessures ; celle à l'oeil menaçait à chaque instant de s'infecter davantage.

Bien que l'esprit de Khris était intrigué par les bribes de conversations qu'il avait saisi plutôt, et provenant certainement de la cabane située à l'arrière de la maison, son corps lui n'entendait pas les choses de la même façon... De plus, comme la jeune femme insistait gentiment pour l'aider, usant d'un profond regard azuré déterminé, Khris finit par se raviser... du moins, le temps que ses blessures soient soignées. Il entra puis s'assit sur le tabouret le plus proche, observant les mouvements de sa jeune soigneuse vêtue de pourpre. Elle avait sorti de son panier ce qui semblait être des fleurs de lin et de chanvre, qu'elle pila dans un bol de manière très consciencieuse. Pendant ce temps, une marmite d'eau chaude était en train de bouillir dans la cheminée. Ajoutant l'eau chaude dans le bol, elle remua le mélange aux couleurs rosâtres, qu'elle commança à appliquer délicatement sur les blessures de Khris, le faisant tressaillir de douleur de temps à autre. Enfin, elle pansa ses plaies avec les bandages trouvés chez Deneus ; ce dernier connu pour sa maladresse légendaire ne manquait pas de pansements dans sa maison.

Le jeune homme était visiblement très fatigué. Elle l'invita à venir s'allonger, pour qu'il se repose et attende que les soins apportés fassent leur effet. Elle avait donné les premiers soins à son oeil meurtri, mais il était clair qu'elle ne possédait pas les compétences d'un eniripsa pour soigner une blessure aussi grave. Aussi, elle lui demanda une fois encore d'aller consulter un eniripsa dès qu'il serait en état de le faire pour espérer que son oeil se rétablisse. Tandis qu'elle parlait, le jeune homme sombrait petit à petit dans un sommeil réparateur.
Soupirant, soulagée, elle déposa une couverture sur le blessé endormi, adossé entre deux murs d'un coin de la cabane, puis s'avança vers son panier déposé plutôt sur la table. Elle y déchargea les provisions achetées tantôt pour le repas de ce midi : puisque les choses en étaient là, autant qu'elle prépare à dinner ici.

Tout en remuant de façon mécanique le potage dans la marmite avec une grande louche, Kayme était perdue dans ses réfléxions... Elle songea qu'il fallait mettre rapidement Solis au courant de l'état de santé du jeune homme, et surtout agir pour cet oeil au plus vite. Au fur et à mesure que ses pensées allaient vers Solis, des questions se bousculaient dans son esprit : comment allait-il ? Que faisait-il en ce moment ? Où était-il ? Cela faisait un moment qu'elle ne l'avait pas revu, surtout depuis qu'il est en charge de ses nouvelles fonctions. Et Yuuki, son fidèle petit tifoux orange qui d'ordinaire ne se séparait jamais de sa maîtresse restait introuvable.
Soupirant d'une manière las : décidément, les événements d'aujourd'hui ne lui inspiraient rien de bon...

Solis, dans l’arrière salle de la cabane, discutait avec Hilinia et n’avait pas entendu
Alastar Orchideus n’était pas un Sadida comme les autres. Son regard était malsain et ses poupées horribles. Leurs yeux étaient rouges et de petites flammes malsaines brillaient dans leurs yeux. Hilinia les connaissait bien, pour les avoir gardé de nombreuses semaines. La méchanceté présente dans leurs petits corps ratatinés et inconséquents les rendait affreuses. Elles déchiraient, brisaient et détruisaient tout ce que leurs petits bras étaient capable de saisir, explosant parfois dans de violentes accès de rage.

- Je gardais souvent ses monstres quand il se réunissait avec ses amis Sadida, termina la jeune fille. Je ne savais pas ce qu’ils faisaient, et Alastar ne m’en disait jamais rien…

Gadis passa sa main dans sa barbe naissante. Un petit Sadida roux leur avait parlé de la guilde des Imas : peut-être avait-ce un rapport ?
Imas ! Ce nom était lâché ! Solis le connaissait par une légende que son père lui avait raconté. Démon des forêts, Imas était gigantesque et couvert d’écorce : sa puissance était telle que dans les premiers ages, il rivalisait avec Sadida même. Il reignait sur une parcelle de terre, autrefois à l’Est d’Amakna, appelée Coram et ses adeptes étaient presque aussi nombreux que ceux d’un dieu.
Lors de la guerre qui opposa les Dieux aux Démons, Imas se trouva face à Iop en personne, après avoir vaincu sa garde personnelle constituée de ses plus puissants adeptes. Pour la première fois de la guerre, Iop eut à utiliser son épée, et l’écorce du Démon était si solide que même l’arme du Dieu ne pût pas la briser.
Iop décida alors de noyer le monstre : d’un coup de son arme, il brisa Coram en mille morceaux, qui volèrent si haut qu’ils ne retombèrent jamais, et formèrent par la suite l’Archipel Céleste d’Incarnam. Imas se noya dans la mer, non loin de l’île de Moon et la guerre continua des années encore.

Imas était mort, mais ses adeptes étaient encore bien vivants… et voulaient maintenant la tête de Solis !

- Je ne comprend pas, soupira celui-ci. J’espère qu’ils n’ont pas eu vent de notre quête pour le Grahal sinon…

Il y eut un petit silence durant lequel Solis et son frère se regardèrent. Ils avaient entendu du bruit dans la salle principale… Des assassins ? Le chevalier était blessé, mais dégaina tout de même son épée, tandis que son jeune frère se saisit de son marteau.
Ils ouvrirent prudemment la porte qui sépatrait la chambre de la porte principale et se préparèrent, armes en main, à affronter les assassin des bois, adeptes d’Imas.

- Kayme… ?

Debout au milieu de la pièce, Kayme faisait face aux deux nouveaux arrivants, les regardant d'un air vide. En entandant son nom de la bouche du baron de la Saphirae, cette dernière se volatilisa, sous les regards interloqués de Solis et Gadis. Soudain, derrière eux s'éleva un nuage de fumée, dévoilant au fur et à mesure qu'elle se dissipait la jeune femme qui se tenait devant eux quelques secondes auparavant ...

Kayme avait entendu de l'agitation provenant de la cabane située à l'arrière de la maison. De ce fait, elle s'était rendu invisible, dagues sorties et prête à passer à l'assaut, aprés avoir eu soin de créer un double pour tromper les ennemis potentiels.
Balayant d'un revers de main les restes de la fumée, Kayme marcha à la hauteur de Solis, surprise de le trouver ici, mais visiblement rassurée et contente de le voir enfin. Puis devant la mine sombre et renfrognée des deux comparses, Kayme s'arrêta, leur demandant qu'elle pouvait bien en être la cause. De surcroit, Solis boitait et semblait être sérieusement blessé, ce qui ne fit qu'amplifier ses inquiétudes et l'attente d'explications. Devant leur silence muet, Kayme se décida à reporter les questions pour plus tard, ses inquiètudes loin d'être dissipées : elle leur montra le jeune homme endormi dans un coin de la pièce, leur expliquant qu'elle l'avait retrouvé près de chez papy Deneus et qu'elle s'était occupé de lui. En revanche, l'état de son oeil ne présageait rien de bon.

Solis avait rejoint Kayme près de Khris, et s'était accroupi à la hauteur de ce dernier. Malgré les soins que sa jeune fiancée lui avait apporté, il était clair qu'il fallait agir promptement pour cet oeil et quérir un eniripsa au plus vite. Se tournant vers son jeune frère : peut-être qu'avec un tofu voyageur...?

Ayant saisi le regard de Solis avant même que ce dernier ait eu le temps de lui demander quoique se soit, Gadis sorti de sa besace Albert, son fidèle tofu messager. Il lui accrocha une missive à la patte et le laissa s'envoler par une des fenêtre entre-ouverte.

Rassurée par la prise d'initiative des frères Rivier, Kayme tenta de nouveau d'obtenir un semblant d'explication, dévisageant une fois de plus leur deux visages de son regard azuré. Voyant qu'elle n'obtiendrait rien pour le moment, Kayme soupira, se promettant de connaître les raisons plus tard en parlant à Solis en privé si nécessaire.

L'odeur du potage qui mijotait dans la marmite remplissait maintenant toute la pièce, alléchant les babines. Rompant le silence devenu pesant, Kayme invita Solis et Gadis à venir s'installer à table. Tout le monde avait visiblement besoin de se reposer, et un potage pour se lester était le bienvenu après une journée aussi pénible. Le repas se déroula dans le silence, ponctué de temps à autre par des discussions sans grand intérêt.
Kayme arborait un sourire qui se voulait rassurant plus pour elle même que pour ses compagnons, mais en son for intérieur, son inquiétude se faisant de plus en plus oppressante. On lui dissimulait des choses importantes : peut être était-ce pour son bien... mais dans le cas présent, l'ignorance était bien plus douloureuse. Elle était venu apporter du pain pour papy Deneus, et elle s'était retrouvée à soigner un blessé. Pensant à son fiancé qu'elle n'avait pas vu depuis un moment, elle le retrouva à moitié blessé, lui cachant une vérité vraisemblabement grave que ni lui, ni Gadis ne semblaient vouloir lui révéler.

Soupirant, son regard clair s'arrêta sur la marmite où du potage pour Khris, Hilinia et Deneus réchauffait à feu doux. Et papy Deneus... que faisait-il donc lui aussi ? Cela faisait un moment qu'il aurait dû rentrer... Et Yuuki qui ne se montrait toujours pas...